Lorsque vous vous intéressez à la macrophotographie il vous arrivera de vous extasier devant des photographies où tous les plans sont nets. Qui d’entre vous n’a jamais regardé une pub pour une belle montre où tous les détails sont parfaitement restitués et où le piqué est parfait sur toutes les zones ?
Et un jour vous passez le cap et vous vous lancez. Vous achetez un objectif macro à prix d’or (oui, les bons objectifs ne sont pas donnés) et vous courez immédiatement dans le jardin en espérant devenir le demi dieu de la macrophotographie…
Première déconvenue : Les images ne sont pas aussi grossies que vous l’aimeriez…
Eh oui, la macro, du moins chez Nikon (chez Canon ils ont un objectif particulier, le MP-e 65), c’est 1 pour 1, 1 mm de ce que vous photographiez fera 1 mm sur le capteur, il n’y a pas de rapport grossissant, les optiques ne le permettent pas directement (ce ne sont pas des loupes).
Pour grossir légèrement vos sujets il faudra vous équiper de bagues d’allonge (KENKO par exemple) afin de réduire la distance de mise au point. En allongeant la distance entre l’objectif et le capteur vous raccourcissez la zone de mise au point (mais vous bouffez un peu plus de lumière).
Deuxième déconvenue : mais qu’est-ce que c’est gourmand en lumière ces petites bêtes là !!!
Vous verrez qu’il n’est pas rare d’aller chatouiller les 2600 ISO si vous n’avez pas de flash annulaire et qu’il y a un poil de vent. Mieux vaut avoir un appareil qui sait gérer le bruit.
Troisième déconvenue : La profondeur de champ… Mon dieu qu’elle est courte !
Il ne faut pas croire que le F5.6 qui marche super pour vos portraits va cartonner dans la macro, ou alors il faut aimer le flou ! F8 c’est super pour faire de la proxi de fleur avec de jolis flous colorés et un bokeh d’enfer… Mais si votre dada c’est le détail, le piqué de chez piqué, va falloir fermer un peu plus… ou faire un petit tour de magie qui s’appelle « Focus Stacking ».
Mais c’est quoi donc monsieur Majax ?
C’est une technique que le numérique a rendue possible. Il suffit de faire tout plein de photos de votre sujet, et entre chaque photos modifier très progressivement la zone de mise au point (l’idéal étant de couvrir l’ensemble du sujet). Ainsi vous pouvez rester avec une ouverture honorable de F5.6 ou F8 et bénéficier de la lumière ambiante pour avoir une exposition correcte sans vignettage et le meilleur contraste possible.
A la fin de la séance vous vous retrouvez avec plusieurs dizaines de photos qu’il faudra passer à la moulinette d’un logiciel hautement spécialisé. Ce dernier va analyser toutes vos photos, va extraire de chacune d’entre elle les zones bénéficiant d’une super netteté et fusionner toutes les extractions dans une nouvelle vue, qui si tout s’est bien passé, vous offrira une netteté parfaite dans toutes les zones. Photoshop sait faire cela mais il n’est pas le plus performant dans le domaine.
Pour une fois un des logiciels les plus performants dans le domaine du focus stacking est gratuit : Combine ZP.
L’application est spartiate, elle sent bon l’informatique des années 90 au niveau interface, mais elle est redoutablement efficace.
35 images ont été nécessaires pour la réalisation de ce focus stacking du mécanisme de cette montre à gousset…
Vous pouvez encore vous procurer Combine ZP pour windows ici : Combine ZP
Mise à jour
Depuis que j’ai écrit cet article du temps a passé…
Récemment j’ai décidé de tester une fonctionnalité de mon dernier boitier : Le décalage automatique de mise au point.
C’est assez pratique, on demande un nombre de prises de vues en définissant une valeur de décalage entre deux prises de vues (de 1 à 10 unités).
J’ai utilisé pour l’exemple un mécanisme de montre faisant à peu près 5 cm de diamètre.
J’ai positionné ce mécanisme entre deux panneaux LED afin d’avoir suffisamment de lumière.
Ensuite j’ai modifié les paramètres du boitier afin d’obtenir 60 images avec un décalage moyen.
L’objectif utilisé est un 105mm 2.8 macro Nikkor à F8 1/60s et 100 iso.
Une fois les 60 images au format JPG (format obligatoire pour utiliser le mode auto hélas) récupérées je tente de les passer dans la moulinette COMBINE ZP.
Et là suprise le logiciel plante… Trop de DPI, trop lourdes, trop grandes ? Je ne sais, en tout cas Combine refuse le chargement. Il me faudra les réduire de moitié pour qu’il accepte d’en charger une partie en mémoire.
Du coup je réitère l’opération mais dans Photoshop ce coup-ci. Je charge mes 60 photos dans une pile en demandant l’alignement automatique… et je patiente… longtemps… très longtemps… On ne peut pas dire que photoshop soit hyper rapide. Au bout d’un certain temps (dix minutes ou un quart d’heure) les photos sont chargées et alignées. Je peux donc lancer la fusion, et je patiente, longtemps, très longtemps… Au bout du compte il aura presque fallu une demi heure pour obtenir le fichier définitif, qui ne m’apportera d’ailleurs pas satisfaction. Des tas de zones sur le mécanisme sont floues, des glitchs ou artefacts, enfin des zones où photoshop n’a pas su détecter la matière parmi les photographies. Bref un fichier qui n’est pas exploitable.
Je consulte mon ami google qui me renvoie vers tout un tas d’autres logiciels, les gratuits sont hyper compliqués à utiliser (en ligne de commande), les sympas sont assez chers et les avis divergent quant à leur efficacité, bref pas simple de s’y retrouver. Enfin je me décide à télécharger un concurrent de Photoshop qui a bonne presse : Affinity.
Je lance le logiciel. L’ interface est moderne, très agréable et l’ergonomie au rendez-vous. Ça change un peu de Photoshop mais je retrouve facilement mes petits (contrairement à Gimp).
Fichier -> Fusion ciblée.
Je charge les 60 photos (Addition) dans la fenêtre et je clique sur OK…. Hyper simple !
Le logiciel travaille en live et vous montre la progression sous forme d’empilement animé des calques.
Et 10 minutes plus tard c’est prêt !
Le fichier est très propre, pas d’artefact, pas de zone ratées, perfect ! En plus une exportation au format Tiff 16 bits est disponible… Le TOP !
Certes Affinity vaut dans les 50 € mais c’est largement moins que Photoshop et le logiciel (je le testerai plus en avant) a l’air d’apporter les mêmes services que son ancêtre…
Je vous ai concocté un petit comparatif entre une fusion opérée sous Photoshop et la même sous Affinity.
En rouge j’ai encadre les erreurs les plus flagrantes sous Photoshop…
Merci Maître jean Luc pour ce partage, je file voir cela de plus près.